Welcome To Kenya 2017

Welcome To Kenya 2017

Jour 40 - Interview Julien part. 3

Troisième et dernière partie de l'interview de Julien, où nous apprenons notamment comment les coureurs Kényans sont repérés. Vous découvrirez également deux athlètes qu'il accompagne et aurez le droit à une petite anecdote ! 

 

Comment un athlète kényan peut-il espérer aller courir en Europe ?

 

Pour courir en Europe, il faut d’abord bien courir au Kenya afin de se faire repérer par un recruteur qui mettra l’athlète en contact avec un agent. Bien courir au Kenya, c’est faire un top 10 sur des courses scolaires ou des championnats fédéraux sur piste, route, cross … Ici, on ne parle pas de chrono, car les distances sont très rarement officielles. C’est de plus en plus compliqué de se faire repérer car il y a de plus en plus de courses, et la densité est impressionnante, surtout chez les hommes. Les agents ont généralement une liste de compétitions à ne pas manquer, et bien y figurer s’est un premier pas posé dans le monde professionnel. Les agents sportifs (une trentaine au Kenya), organisent ensuite le planning de courses, les primes et les cachets pour les coureurs.

 

Présentation de deux athlètes du groupe :

 

Nom : Kimeli

Prénom : Bernard

Age : 27 ans

Localisation : Iten (2400m d’altitude)

 

Faits marquants :

  • Première compétition en Europe au mois d’avril à Paderborn en Allemagne : 27’18’’ au 10Km à Numéro 1 mondial en 2017
  • Lièvre pour Mo Farah à Ostrava sur 10 000m

Profession: Ranger --> protection des animaux (Kenya Wildlife Service). Il est détaché à temps complet ce qui lui permet de s’entrainer sérieusement depuis 2 ans maintenant.

 

Objectifs à venir : 10 Km de Prague (Il se spécialise sur la route et compte passer progressivement sur semi-marathon).

 

Mentor : Fred Kiprop (vainqueur du marathon d’Amsterdam en 1999)

 

Détection : Compétition très relevée « Kass FM 12 km » à Eldoret où il se classe 5ème.

 

Entrainement : environ 12 fois par semaine pour 140Km. Beaucoup de tempo, de piste et de fartleck.

 

 

Nom : Jelagat

Prénom : Yvonne

Age : 24 ans

Localisation : Kaptagat (2700m d’altitude)

 

Faits marquants :

  • S’entraîne sérieusement depuis 3 ans, première compétition eu Europe au mois d’Avril au semi-marathon de Prague (1h09’07’’)
  • 1h08’19’’ à Karlovy Vary en République Tchèque (parcours très relevé)
  • Vainqueur des 15Km du Puy en Velay en 47’47’’ meilleure performance mondiale de tous les temps sur le sol français
  • 31’38’’ sur 10Km aux Pays-Bas

 

Spécialisation : 10km route et semi-marathon

 

Détection : 10Km de Baringo où elle se classe 2ème derrière Irène Cheptai (Championne du monde de cross cette année).

 

Entrainement : entre 10 et 12 fois par semaine pour 150 Km environ

 

As-tu une anecdote à nous faire partager ?

 

Aux sélections à Nairobi pour les championnats du monde cadets de 2015 en Colombie, j’assiste à la finale du 1500m Hommes. 150 mètres après le départ, un garçon tombe, se relève avec 10 secondes de retard sur la tête de course. Il rattrape le peloton juste avant le dernier tour puis termine deuxième sur la ligne en 3’43’’. J’appelle aussitôt quelqu’un de la compagnie pour laquelle je travaille : « J’ai trouvé le prochain champion du monde cadet ! ». L’été suivant, ce garçon termine effectivement champion du monde en 3’36’’ (record des championnats).

 


29/08/2017
0 Poster un commentaire

Jour 39 - Interview Julien Part.2

Dans la première partie de l'interview, vous avez pu découvrir le parcours et le travail au quotidien de Julien. Aujourd'hui, nous allons, à travers nos questions, essayer de percer le secret des coureurs Kényans... 

 

Comment s’organise une semaine type d’entrainement d’un athlète de ton groupe ?

 

Il n’y a pas de semaine type au Kenya. Beaucoup d’européens et de coachs étrangers ont du mal à comprendre qu’ici, on vit au jour le jour. On planifie à l’avance, mais on peut faire face à tellement de situations inattendues que l’on se doit d’adapter au jour le jour. Si tout se passe bien, voici à quoi peut ressembler une semaine type d’entraînement :

 

Lundi :

  • Matin : Footing progressif entre 1h10 et 1h30 (augmentation de l’allure tous les 5km environs)
  • Après-midi : Entre 6 et 10Km « très tranquille »

 

Mardi (si pas de pluie) :

  • Matin : Séance de piste
  • Après-midi : Entre 6 et 10Km « très tranquille »

 

Mercredi :

  • Matin : Footing entre 14 et 20Km (4 min/Km) ou séance de côtes
  • Après-midi : Entre 6 et 10Km « très tranquille »

 

Jeudi :

  • Matin : Fartleck ou séance de piste
  • Après-midi : Entre 6 et 10Km « très tranquille »

 

Vendredi : Footing entre 14 et 20Km (4 min/Km)

 

 

Samedi :

  • Pour les marathoniens : Sortie longue de 25 à 45 kilomètres
  • Pour les autres : Sortie longue de 25 à 30 kilomètres ou sortie tempo de 5 à 15 kilomètres à allure très soutenue (90-95% de la vitesse de course).

 

Dimanche : Repos

 

 

Quelle est pour toi la particularité des coureurs kényans ?

 

Premièrement, ils ne reçoivent pas leurs plans, ils sont au courant de la séance le jour même. Ils ont une forte capacité d’adaptation, et selon moi, c’est ce qui fait leur force. De plus, ils ne se plaignent jamais, peu importe la situation et sont capables d’encaisser de lourdes charges d’entrainement.

 

Comment expliques-tu la domination des coureurs africains ?

 

C’est simple, le premier facteur est monétaire. Ici, la course à pieds peut multiplier ton niveau de vie par mille, donc forcément c’est plus motivant ! Tu t’entraînes plus car tu cours pour vivre, contrairement à la majorité des européens qui courent d’abord pour le plaisir. L’athlétisme peut changer leurs vies, celles de leur famille et des générations futures.

 

Ensuite, il y a d’autres facteurs : la physiologie, l’altitude, la nourriture saine (organique, peu d’additifs, …), les parcours d’entraînements (toujours sur terre souple ce qui limite les risques de blessures et renforce les chevilles), l’abnégation dont ils font preuve (courir, sieste, manger, courir, dormir, etc …).

 


 

Pour les coureurs de "Welcome To Kenya", ce sera, encore une fois, un réveil à l'aube. Le soleil n'a pas encore pointé le bout de son nez que nous sommes déjà levés, en tenue de course et prêt à en découdre. Nous attendons Jeff, sa toyota et sa fameuse musique Country qui reste dans la tête toute la journée, puis nous partons avec Julien et Joan en direction de Moiben Road. Comme tous les samedis, nous nous arrêtons toutes les cinq minutes pour récupérer les coureurs du groupe éparpillés le long de la route.

 

Peu après 6 heures, nous commencons notre échauffement. Le soleil commence à apparaitre derrière les collines, illuminant les plaines de Moiben. 3,5 kilomètres plus tard, nous enlevons quelques couches, puis nous nous plaçons sur la ligne. C'est le dernier tempo, la dernière séance de résistance que nous effectuerons sur ce parcours ... Au programme, 16 bornes à plus de 15 km/h de moyenne !

 

En début d'après midi, nous nous rendons à Eldoret avec Julien et Joan pour manger au restaurant Indien. Il prend l'avion lundi soir pour une épopée de deux mois à travers l'Europe, pour assister à de nombreuses compétitions. 

 


28/08/2017
0 Poster un commentaire

Jour 38 - Interview Julien Part. 1

Depuis notre arrivée au pays des coureurs, nous avons eu la chance de cotoyer de nombreux champions, et ce, grâce à Julien, notre "guide" ! A ses côtés, nous apprenons beaucoup sur les habitudes des athlètes, leur train de vie et l'exigence du haut niveau. Nous lui avons donc posé quelques questions sur son parcours, son métier et son quotidien. 

 

Présentation :

 

Prénom : Julien

Nationalité : Française

Age : 27 ans

Profession : Recruteur et dénicheur de talent au Kenya pour un équipementier sportif et 2 compagnies de management sportif

Etudes : Double cursus classe préparatoire ENS à Sceaux / Licence économie Gestion à Paris

 

Comment et depuis quand est tu arrivé au Kenya ?

 

Je suis arrivé au Kenya en septembre 2012. J’étais un ancien coureur de bon niveau (Champion de France espoir du 10Km en 2010), et suite à une mauvaise expérience avec mon club, j’ai tenté l’aventure du haut niveau aux Etats-Unis, où ça ne s’est pas très bien passé non plus. Suite à cela, j’ai décidé d’arrêter le haut niveau, et j’ai muri un projet qui m’a amené à la création d’une association nommée « Run Africa Project ».

 

L’idée était à la base de créer un camp d’entrainement au Kenya et de supporter les jeunes talents dans les écoles. J’ai donc commencé à récolter du matériel sportif en France afin de le distribuer dans sept écoles publiques différentes au Kenya (5 garçons/5 filles soutenus dans chacune des écoles).

J’ai également aidé sept jeunes athlètes (18-19 ans) ayant arrêté l’école pour se consacrer à l’athlétisme en leurs fournissant un logement et des équipements. Parmi ces sept athlètes, 3-4 ont commencés à bien performer, ce qui a attiré les professionnels du milieu, qui sont alors venus à moi. Grâce à cela, j’ai commencé à tisser mon réseau, composés de managers notamment, et débuté à travailler avec un équipementier sportif.

 

En quoi consiste ton travail ?

 

A la base, je suis dénicheur de talent : je dois aller chercher les pépites de demain… Je vais donc assister aux différentes compétitions scolaires, meetings locaux pour dénicher le futur de l’athlétisme kényan. Après les avoir trouvé, ma mission est de les guider vers le milieu professionnel : vers quel manager, quelle compagnie aller ? Où s’entraîner ? Quel coach rejoindre ?

 

Je suis ensuite chargé de les suivre au quotidien, semaine après semaine : envoi de rapports détaillés et individualisés aux compagnies pour lesquelles je travaille (potentiel à court, moyen et long terme, forme actuelle, …). Je les aide également pour toute la logistique : agencement des séances d’entrainement, de kinésithérapie, de massage. Pour résumer, ce n’est pas un rôle d’intermédiaire comme on peut le voir dans les sports collectifs, mais plus un rôle d’accompagnateur au quotidien.

 

Avec l’expérience, on apprend comment fonctionne l’entrainement ici, et l’on peut soi-même devenir entraineur. Actuellement, je dirige un des meilleurs groupes kényans de courses sur route : je gère donc les plans d’entrainement et les séances avec l’aide de mon assistant coach. Je vais d’ailleurs commencer un diplôme officiel d’entraîneur à l’université Kenyatta de Nairobi,  afin d’approfondir mes connaissances et de valoriser mon parcours.

 


 

Pour notre part, ce sera journée de "récupération" avec un footing lent à jeun de 45' aux aurores, et une sortie de 11 kilomètres en 4'40'' de moyenne en fin d'après midi ! 

 


27/08/2017
0 Poster un commentaire

Jour 37 - Plus qu'une semaine

La pluie est tombée toute la nuit. Tellement fort qu’on a eu peur pour la toiture. Le fartleck initialement prévue à 9 heures va sûrement être annulée à cause de la boue, nous restons donc au lit un peu plus longtemps… En début d’après-midi, nous nous rendons au camp d’entrainement de Bob Tahri, pour y rencontrer Nathalie, la présidente de l’association Fungana et ses amis. Nous échangeons sur nos différentes expériences ici au Kenya, sur nos aventures, nos entraînements, puis, nous commençons à aborder notre projet commun. Le mardi 29 aout, nous organiserons la course avec les enfants de l’école, puis, pour clôture la journée, nous procéderons à l’inauguration de la nouvelle cantine.

 

Nous rencontrons également Nathanaël, éducateur, qui va nous proposer de se joindre à lui pour sa sortie d’une heure « pole pole ». On ne doit pas avoir la même notion du « doucement » puisque nous allons parcourir 15 kilomètres en 4’30’’ de moyenne … Tant mieux, ça décrasse et ça remplace le fartleck annulé de ce matin ! On apprend pendant la sortie qu’il court le marathon en 2h28, le 10Km en 31’ et compte mettre en place un échange entre une école kényane et des jeunes français.  Pour finir en beauté, nous nous rendons au Kerio View pour une séance de musculation, où nous sommes rejoint par Nathalie.

 

Il ne nous reste maintenant qu'une semaine sur les hauts plateaux, une semaine pour profiter des paysages kényans, des milliers d'athlètes arpentant les pistes rouges ... 

 


26/08/2017
1 Poster un commentaire

Jour 36 - Erreur de parcours

Au Kenya, l’imprévu fait partie intégrante du quotidien. En se levant, on ne sait pas si on aura de l’eau, de l’électricité, de la wifi … Même à l’entrainement, il y a toujours une part d’inattendu. Ce matin, nous partons pour une sortie à jeun : 20 minutes lent pour s’échauffer, suivi de 12 minutes rapides pour faire tourner les jambes et enfin 20 minutes tranquille pour bien récupérer. Enfin ça, c’est ce qui est écrit sur le papier. En réalité, nous avons tenté un nouveau parcours et nous nous sommes trompés de route … Deux fois ! Nous devrons donc ajouter 20 minutes supplémentaires pour rejoindre notre appartement. Quelques kilomètres en plus au compteur donc, ça forge le mental !

 

Pour bien récupérer, nous empruntons le mode de vie Kenyan : sieste après l’entrainement du matin, un repas bien équilibré, puis de temps en temps un massage pour éliminer toutes les toxines renfermées dans les muscles. La nutrition occupe également une part importante de l’entraînement ici. Du riz ou des pâtes à chaque repas, accompagnés de légumes, d’haricots et de temps en temps de viande (principalement du poulet). Les repas sont souvent accompagnés de chappattis (La forme ressemble un peu à nos fameuses crêpes bretonnes), d’Ugali ou de Mandazi (beignets).  Les kényans ne boivent que très rarement de l’eau, ils s’hydratent en revanche grâce au Chaï (Thé Kenyan : 50% d’eau, 50% de lait, du thé noir et du sucre …) qu’ils consomment tout au long de la journée.

 

 

L’après-midi, nous repartons pour 45 minutes de footing suivi d’une séance de renforcement musculaire. Le biquotidien passe relativement bien maintenant, et nous réussissons à enchaîner sans trop de mal.  

 


24/08/2017
0 Poster un commentaire