Jour 19 – Waterfall
Après avoir regardé l’arrivée du marathon masculin et la victoire de Geoffrey Kirui, nous décidons de partir en randonnée pour admirer une cascade repérée quelques jours plus tôt. Guillaume, étant un peu barbouillé, décide de rester se reposer à l’appartement. C’est donc à quatre sur un pikki-pikki (Jordan, Hélloïs, Robin et le chauffeur) que nous allons tenter de nous rendre au point de départ de la randonnée, situé un peu plus bas dans la vallée.
A chaque dos d’âne (et il y en a un paquet) nous craignons de nous renverser. Dans les nombreux virages en lacet que nous empruntons, nous craignons de déraper et de finir au fond de la vallée. Le chauffeur, lui, ne panique pas : il se paye même le luxe de répondre au téléphone. Serein.
Après une demi-heure de route, un bruit sourd résonne juste en dessous de nous. Le pneu arrière a éclaté. Le chauffeur nous indique de continuer à pieds, pendant qu’il s’en va réparer le pneu. Il promet de revenir nous chercher rapidement. Nous commençons donc notre randonnée un peu plus tôt que prévu.
Après quelques minutes de marche, nous croisons un kényan, d’une cinquantaine d’année, machette et hache à la main. Il nous fixe. Nous nous arrêtons. Il reprend sa marche puis s’arrête et nous fixe encore. Par précaution, nous ramassons chacun une pierre pour nous défendre, on ne sait jamais. Nous reprenons notre marche, passons à côté de lui, méfiants. Soudain, il nous lance un grand sourire et le célèbre « How are you ? » (Comment ça va ?). Nous finirons par apprendre que nous étions en train de marche sur ses terres, et c’est la raison pour laquelle il nous regardait étrangement.
Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivons à l’entrée du chemin. Le panneau indique 5Km d’ascension jusqu’à la chute d’eau. Nous sommes encore accompagnés de l’homme à la machette et d’Edwin, un ami à lui. Nous traversons des petits villages, des champs de maïs, des cultures de tomates, le paysage est magnifique. Nous en oublions presque nos mollets qui brûlent et notre respiration.
Le soleil qui nous accompagnait jusqu’ici, va, en l’espace de quelques minutes, se faire avaler par de gros nuages noirs… Le vent se lève et souffle fort. Après 40 minutes d’ascension, et environ 3.5 kilomètres, quelques gouttes commencent à tomber. Seul Edwin est encore avec nous. En entendant l’orage au loin, nous comprenons rapidement que la visite à la cascade va être annulée. Quelques petites minutes plus tard, la fine pluie a laissée place à des trombes d’eau, qui se transforment petit à petit en grêle, qui nous fouettent l’arrière des jambes. Le tonnerre gronde.
Edwin nous indique un chemin, une centaine de mètres plus loin, qui mène à la route bitumée. Nous sommes congelés. Les chemins deviennent impraticables, totalement inondés et des litres d’eau de pluie descendent des pentes au-dessus de nos têtes. Nous nous arrêtons quelques instants aider un pikki-pikki driver qui s’est renversé avec son paquetage. Quelques minutes plus tard, tout un village est sorti pousser un matatu, complètement embourbé en bas d’une côte.
Après 35 minutes de tempête, le temps devient plus clément, et nous apercevons la route en contrebas. L’espoir de rentrer chez nous sains et saufs avant la tombée de la nuit renaît. Edwin, qui aurait pu rentrer chez lui quand la pluie a commencé à tomber, est encore avec nous, avec son gilet bleu, son pantalon trop grand pour lui et ses sandales en plastique trouées. Nous ne lui avons absolument rien demandé, et pourtant, il est encore là, à nous indiquer le chemin.
Nous voilà enfin sur la route, la vraie. Trempés de la tête aux pieds, nous attendons qu’une voiture passe pour pouvoir rentrer à Iten. Robin, avait une paire de chaussures Nike dans son sac, il la laissera pour Edwin, en remerciement de ce qu’il a fait pour nous. Très ému, il jettera sans aucun regret ses vieilles sandales dans un buisson. Nous finirons ce périple, chargés à l’arrière d’un Pick-up au milieu des sacs de charbons, avec un chauffeur fou qui manque plusieurs fois de nous faire passer par-dessus bord. Nous nous accrochons, le vent nous glace le visage et le corps. 30 longues minutes plus tard, nous sommes de retour à Iten. La bonne nouvelle de la journée : l’eau est enfin revenue, c’était le moment parfait !
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